Pratiquer l’éducation populaire et la démocratie

pratiquer l’éducation populaire et la démocratie

On parle, on écrit, on communique, on écoute, on répond dans l’idée qu’on s’adresse à des êtres égaux, des êtres capables de nous comprendre parce qu’ils sont pourvus de la même intelligence.  Ça s’oppose radicalement à la vision dominante qui identifie la hiérarchie sociale au gouvernement des plus capables mais aussi à ces pédagogies de bonne volonté qui prétendent « réduire les inégalités » en prenant l’enfant ou le peuple par la main pour le conduire pas à pas vers l’égalité. 

Jacques Rancière dans un entretien à Frustration Magazine (21/04/21)

Dans nos structures, dans nos collectifs, on se retrouve autour d’idéaux et de valeurs communes. Mais souvent, le désir ne suffit pas, et aussi déterminé·e que l’on soit, on a besoin de méthodes et de techniques pour créer les conditions de l’émancipation.

C’est ce qu’on vous propose, sous différents formats, en fonction de vos réalités et de vos besoins.

Nos espaces de formations sont pensés et animés comme des espaces d’entraînement, d’encouragement et de conscientisation1.

Il n’y a pas une bonne façon de faire, il n’y a que des tentatives et des trouvailles pour changer des réalités insatisfaisantes.

me former

De l’éducation populaire à l’université ?

Les sciences humaines et sociales irriguent notre collectif dès sa source, nous sommes plusieurs à avoir suivi des formations de sociologie à l’université de Lille.
Ainsi nous avons cultivé des liens forts avec des membres de la communauté éducative.

Sur sollicitation de Séverin Muller (enseignant chercheur à l’université de Lille), nous avons participé à l’élaboration du Master de sociologie Métiers de l’Expertise du Travail et des Associations, qui deviendra en 2026, Mondes et engagements du travail associatif. Nous y animons depuis le cours « éducation populaire et transformation sociale ».

En 2017, les étudiants du master META vont à la rencontre des acteurs de l’éducation populaire dans le département du Nord-Pas-de-Calais. De cette enquête sur les enjeux de la formations des acteurs professionnels du secteur ressort un rapport esquissant les lignes de ce qui sera le Certificat universitaire d’éducation populaire et de transformation sociale.

Par l’initiative de Sonia Rey (secrétaire pédagogique à l’université), nous participons à l’animation et au développement d’un cours d’option sur le travail social et d’une UE-PE sur les violences dans les relations amoureuses pour les étudiant·es de licence.
Par la suite, nous serons sollicité pour reprendre un des cours de techniques de recherche en deuxième année de licence de sociologie.

De cet ancrage dans l’université, nous tirons à la fois une légitimité dans nos interventions extérieurs, mais aussi et surtout, une socialisation constante à un monde étudiant et à des chercheureuses critiques.

À travers l’expérimentation des outils et méthodes nous abordons les différentes dimensions de l’éducation populaire politique telle que nous la pratiquons à l’Étincelle.

Dans une démarche clinique tournée vers l’action et le développement de la puissance d’agir, ce certificat universitaire propose de prendre du recul par rapport à vos situations et pratiques, de créer des savoirs à partir de vos expériences.

Animé en coopération entre l’Étincelle et la faculté de sciences économiques, sociales et des territoires, cette formation s’inscrit dans  la continuité du Master Métiers de l’expertise du travail et des associations (META).
Nous saisissons le travail comme objet problématique et nous découvrons les métiers qui se (ré) inventent dans les domaines du travail social, de l’animation, de la recherche ou encore de la culture.

Nos angles d’approches :

  • Sociologie de l’éducation populaire
    Histoire, concepts et intersectionnalité
  • Pédagogie émancipatrice
    Méthodologie, postures et outils
  • Clinique de transformation sociale
    Récit de vie, analyse de pratique, tentatives
  • Travail politique de la culture

Faire des violences dans les relations un sujet à l’université est pour nous une nécessité et une victoire (qui n’est jamais acquise).

Ce cours est proposé aux étudiant·es de licence dans le cadre de l’unité d’enseignement « Projet de l’étudiant·e ».

Pendant 20h, nous travaillons avec les étudiant·es à poser des mots, décrypter voire légitimer des vécus.

Toujours dans une logique de pédagogie émancipatrice, c’est-à-dire qu’il ne s’agit pas d’un cours descendant mais d’un aller-retour permanent entre théorie et pratique, savoirs théoriques et savoirs tirés de nos expériences de vie. Sans injonctions à se dévoiler.

Plus d’infos :

On vous parle bientôt du Master Mondes de l’engagement, du travail et des associations (META) !

Se former avec l’Étincelle hors de la fac, c’est évidemment possible !

Si nous proposons nos espaces à l’université, nous pouvons aussi en organiser avec votre structure/collectif.

Vous pouvez regarder du côté de la rubrique « sur-mesure » ou nous contacter directement pour en parler !

participer à un groupe de paroles

Pendant un temps nous parlions de « groupe de paroles » pour finalement adopter le terme « groupe de conscience et d’encouragement » en référence à bell hooks, autrice et activiste féministe africaine-américaine. Ces groupes ont pour but de rassembler des personnes qui vivent les mêmes oppressions (racisme, classisme, sexisme, validisme, … la liste est longue et malheureusement incomplète).

Les participant·es y partagent leurs vécus pour se soutenir mais aussi pour mettre des mots et de l’analyse sur des événements clés.

Ces espaces de mises en commun sont aussi des endroits de déculpabilisation (« ce n’est pas nous le problème »), pour se sentir plus légitimes, pour regagner de la puissance d’agir (que nous définissons comme notre capacité à agir sur le réel).

Dans ces groupes, nous adoptons une approche féministe intersectionnelle, c’est-à-dire qui tient compte de l’interaction des systèmes d’oppression.


Pour en savoir plus

L’IRESMO présente très clairement les objectifs et le fonctionnement de ce type de groupe dans cet article

Sur les groupes de conscience féministes, cet article de Roseline Combroux et Danièle Delbreil mais aussi cet article de La Déferlante (Numéro 5 « Parler »)

Depuis 2020, à l’initiative du Café des enfants du quartier de Fives « Les potes en ciel », nous avons co-animé 3 groupes de conscience avec une psychologue clinicienne.

Ces groupes réunissent 8 à 9 femmes* qui ne se connaissent pas ou peu avant le démarrage.

Pour faciliter l’organisation de ces temps, un système de garde est mis en place au Café des enfants tandis que nous nous retrouvons dans un autre lieu, à quelques pas du café, pour nos ateliers.

Parce que nous partons des personnes avec lesquelles nous travaillons, aucun programme n’était défini à l’avance, il se construit au fur et à mesure des ateliers, en fonction des éléments saillants, des questionnements récurrents.  

*Les participantes se reconnaissaient dans le genre « femme » mais ces groupes accueillent toutes les personnes sexisées, c’est-à-dire cibles du sexisme. Nous reprenons ce terme comme proposé par Juliet Drouar dans cet article.

D’octobre 2024 à janvier 2025, nous nous sommes retrouvé·es 6 samedis matins à la Maison des parents de Trappes avec un groupe d’environ 10 personnes qui se désignaient comme femmes et avaient en commun le rôle de maman (on pourrait dire « métier » !).

C’est à l’initiative de l’association Second souffle que ce groupe a vu le jour. L’intention de l’association est d’accompagner les parents d’enfants en situation de handicap. Car si l’accompagnement à la parentalité ne devrait être un luxe pour personne, les parents (et très souvent, les mères) d’enfants en situation de handicap sont dans l’angle mort.

Cette aventure, car s’en est une, a conduit les participantes à se raconter leurs trajectoires, leurs histoires familiales mais aussi leurs questionnements liés à leur rôle de mère et aux injonctions qui l’accompagnent. Pour ça, nous sommes passé·es par le théâtre de l’opprimé·e et différentes méthodes de récit de vie.

Nous avons également pu poser des mots pour légitimer des vécus, nommer des oppressions, dénouer des nœuds : transfert de classe, racisme, histoire coloniale, transmissions familiales, …
Pour ça, nous sommes allé·es puiser dans l’histoire, les films, la musique, les sciences sociales.

C’est ensuite Catherine et Awa qui ont pris le relais : à partir de cette matière, des émotions, de ce vécu commun, elles ont proposé aux participantes d’écrire un ou plusieurs textes pour réaliser un livre collectif pour « dire ce qu’on a vécu : nos combats, nos traumas, nos métamorphoses », « donner de l’espoir et de la force à d’autres, rompre l’isolement » *

Et ça ne s’est encore pas arrêté là !
Awa, Catherine et Sandrine ont rencontré à deux reprises un groupe de détenues de la maison d’arrêt de Versailles (78) qui elles-mêmes avaient entamé un travail d’écriture avec leur professeure de français.
Textes que nous aimerions intégrer au livre collectif, dont l’objectif est aussi de proposer une multiplicité de regards et de vécus.

* Extraits de paroles des participantes

mener l’enquête

Mener l’enquête pour comprendre le réel et agir dessus.

Nous sommes régulièrement confronté·es à des situations complexes, oppressantes, déprimantes ou tout simplement trop éloignées de notre vécu, de nos expériences pour en comprendre les enjeux.
Au sein de notre Certificat Universitaire ou en intervention auprès d’un collectif, nous proposons de vous former à l’enquête.

Cela passe par la définition collective de la notion d’enquête ( de l’INSEE au mouvement ouvrier en faisant un détour par Agatha Christie) et de situer notre point de départ (Qui sommes nous ? Quels sont nos intérêts ? Quel est notre terrain ?)

Pas à pas nous abordons et expérimentons les techniques d’observation et d’entretiens, le travail des subjectivités, le repérage d’expressions significatives. Le tout articulé à un aller-retour entre le terrain et un travail d’écriture collectif. La production est généralement restituée au groupe enquêté (toujours avec des méthodes) afin qu’il puisse s’approprier les analyses et construire la suite de son action.
Nous nous appuyons principalement sur la sociologie critique de Bourdieu, les approches interactionnistes de l’école de Chicago, l’anthropologie des subjectivités et la pédagogie de la conscientisation de Paulo Freire.

Quel que soit le niveau d’études des participant·es, le processus et la méthodologie hybride; l’éducation populaire et la sociologie clinique, permettent à chacun·e de s’approprier une démarche, une posture qui lui permettra d’en savoir plus sur ce qu’il sait déjà et d’avoir plus de prises sur la réalité.

En fonction de la réalité des participant·es et du terrain, nous pouvons former un groupe et l’accompagner à mener l’enquête, ou nous pouvons faire le travail nous même en associant étroitement les personnes concernées à plusieurs étapes du processus.

Les productions à l’issue de ces enquêtes peuvent être employées, ou pas, pour créer de la mobilisation auprès des personnes enquêtées. Les restitutions d’enquêtes sont aussi un terrain propice à l’usage de techniques comme l’arpentage, le groupe de conscience, …

Nous avons déjà réalisé plusieurs formations et interventions de ce type dans des contextes très différents :

  • Santé au travail dans des coopératives et des associations
  • Diagnostic de territoire pour un projet social
  • Démocratie au sein d’une institution publique
  • Alliance et mobilisation de collectifs sur un territoire
  • Études d’un champ professionnel (prévention, santé, insertion, violences sexuelles…)
  • Rapports sociaux et oppressions au sein d’un collectif militant
  • Rendre compte des formes de répression et de leurs conséquences
  • Mobilisation d’habitant·es sur un enjeu de rénovation urbaine
  • Formation d’étudiant·es (sociologie, psychologie, sciences de l’éducation, sciences politiques, travail social)
  • Comprendre les implications individuelles pour créer du commun

Nous prenons le temps de construire la commande avec celles et ceux qui nous font intervenir, alors n’hésitez pas à nous solliciter même si ce n’est pas très précis au départ.

Formation des salarié·es et bénévoles de la radio associative Micros-rebelles en 2022

Avec la Maison des Associations de Tourcoing, Lycée Sévigné de Tourcoing et le Collectif KifKif, nous avons répondu à l’appel à projet de la DILCRAH « contre le racisme, l’antisémitisme, les discriminations liées à l’origine et la haine anti-LGBT+».

Sur plusieurs mois, les élèves d’une classe de la filière Sciences et technologies de la santé et du social du Lycée Sévigné ont expérimenté un processus d’enquête. Il s’agissait avant tout d’ouvrir un espace d’expression et d’analyse en passant par différentes étapes :

  • Des ateliers avec l’Etincelle et le Collectif KifKif pour poser un cadre et des bases collectives (se situer, comprendre les mots, comprendre comment ils s’incarnent concrètement dans nos vies, faire des aller-retour entre sa propre expériences et la « théorie ».
  • Une enquête menée sur le terrain avec l’Etincelle : les lycéen·nes ont mené une série d’entretiens ou soumis des questionnaires construits à partir des ateliers précédents
  • Le partage de tout ce travail et des résultats des enquêtes menée au cinéma Le Fresnoy le mercredi 26 mars 2025
  • En avril 2025, les lycéen·nes, accompagné·es par le graffeur Wedes One, ont réalisé une fresque sur l’un des murs du lycée Sévigné. Une trace de ce processus de plusieurs mois !

Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez parcourir le livret qui a été réalisé pour présenter toutes les étapes, car d’autres ont été menées sans l’Etincelle :

ce qu’on entend pas « sur-mesure »

Il s’agit de tous les ateliers que l’on a crée spécifiquement pour une commande. La demande est plus ou moins précise et plus ou moins limitée dans le temps. Mais ce qui fait l’artisanat de notre métier : si cela correspond à nos savoir faire et nos disponibilités, on construit ça avec vous.

C’est-à-dire que chaque formation/intervention/atelier se pense et se construit toujours en fonction de vous : les enjeux, les contexte, l’histoire de votre collectif ou de votre structure, …

C’est de cette façon que nous travaillons la majeure partie du temps !

En parcourant notre site, on vous propose de vous faire une idée de notre façon de travailler et de nos intentions.

Alors n’hésitez pas à nous contacter, même si vous avez l’impression de ne pas être tout à fait au clair !

  1. En 2021, nous avons découvert la notion de « brave space » à travers les travaux de bell hooks. Vous pouvez consulter cet article à ce sujet. ↩︎