Une éducation populaire politique ?



L’Étincelle est une coopérative d’éducation populaire politique. Nous travaillons à la transformation sociale et à l’émancipation avec les gens, à partir de ce qu’elles et ils vivent.

Par nos actes, notre pratique, nous construisons du savoir, nous faisons donc de l’éducation.

Mais nous ne prétendons éduquer personne sans nous-même nous éduquer ; nous ne sommes pas charitables, nous sommes altruistes, nous croyons en l’égalité des intelligences.

« Personne n’éduque personne, les hommes s’émancipent ensemble à travers le monde »1.

Notre pratique d’éducation, nous la voulons populaire, car construite avec les gens, par les gens.

« Ce qui est fait pour nous, sans nous, est fait contre nous »2.

Oui, les gens pensent, pas toujours comme on le voudrait, rarement dans la même temporalité, mais iels pensent. Chacun⋅e est capable de penser le politique.

Du politique du point de vue des gens, non pas de la politique, notre désir est de rendre aux opprimé⋅e⋅s leurs puissances, pas d’accéder au pouvoir. Nous ne savons pas ce qui est bon pour les gens, mais nous sommes persuadé⋅e⋅s que elleux le savent. Nous proposons des lieux, des moments, pour se rencontrer et se raconter, car

« si on ne pense pas les gens capables de penser et de décider ensemble, alors ce n’est pas la peine de vouloir la démocratie »3 ?

Nous revendiquons un statut de praticien·ne·s-chercheur·se·s, ou pour citer Alexia Morvan4, nous cultivons « l’art des tâtonnements et des rétroviseurs ». Qui cherche trouve, en effet. Pas nécessairement ce qu’iel cherchait, encore moins souvent ce qu’iel aurait dû trouver, mais trouve nécessairement quelque chose de nouveau ajouté à la chose qu’iel connaissait déjà. À une condition toutefois : ne pas se croire exemplaire !

Nous sommes pétri·e·s de contradictions, ce n’est qu’à l’épreuve de la pratique que nous pouvons nous émanciper. Nous nous donnons le droit à l’erreur et à la correction, à la bricole, sans rien lâcher sur l’égalité.

La plupart d’entre nous est issue des marges. « Du cadre naît la liberté » dirons-nous, mais seulement si nous avons été associé·e·s à la construction du cadre. Or, nous ne nous sentons pas associé⋅e⋅s aux cadres socio-professionnels d’où nous sommes issu⋅e⋅s.

Travail social, animation, université, culture, éducation nationale… Autant de cadres qui nous ont forgé⋅e⋅s, desquels nous cherchons à nous émanciper. Mais bouger les lignes demande du courage, d’être « archi-déter’ » comme les miltant⋅e⋅s contre la loi travail ou contre la réforme des retraites. C’est un « devoir d’insolence » que nous revendiquons en hommage aux rappeurs lillois.

« Viser l’utopie, partir des gens » ; voilà notre credo. Nous ne sommes pas naïf·ve·s, tout cela prend du temps. Nous avons fait le deuil de la « baguette magique » qui amènerait au Grand Soir.

Nous travaillons marche par marche ; de la conscientisation à l’émancipation, de la puissance d’agir aux transformations sociales par les luttes.

Nous savons que le chemin est long et que souvent on trébuche sur le chemin de l’émancipation.

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1 – Paolo Freire, Pédagogie des opprimées

2 – Nelson Mandela, Un long chemin vers la liberté

3 – Jacques Rancière, La haine de la démocratie

4 – Alexia Morvan ; Thèse « Pour une éducation populaire politique »

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